18 Il est la tête du corps de l'Eglise; il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier.
11
Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare
ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous.
La science a fait de sérieux efforts, durant ces dernières années,
pour mettre à la portée de tous et de chacun l'immensité de l'univers.
Les savants ont réussi à condenser les questions les plus vastes et les
plus profondes de l'étude et des recherches scientifiques sous la forme
de traités populaires, et c'est par centaines de milliers que sont
vendus ces ouvrages de vulgarisation. Cela prouve à quel point le monde
s'intéresse à l'explication de l'univers, à celle de la création, de
l'histoire de l'homme et à tous les mystères de la nature. Et cependant,
quand on arrive au bout de cette lecture, l'on ne peut se défendre
d'une impression de vague, d'insuffisant, d'inachevé, et du sentiment
que l'on n'est pas arrivé à une conclusion claire et définie.
Ceci peut paraître présomptueux, mais nous croyons posséder la
réponse positive et finale à cette question tant débattue. Pour nous, il
y a une explication, une seule, mais définitive et concluante, de
l'univers; et cette explication est une personne – le Seigneur
Jésus-Christ, l'origine et le centre éternels de tout ce qui existe.
Quelle que soit la profondeur de nos études, nous ne trouverons pas
l'explication, même partielle, de l'univers, tant que nous n'aurons pas
reconnu la place que Dieu a donnée, de toute éternité, au Seigneur
Jésus. Ces paroles si simples des Ecritures : « Christ est tout (toutes
choses) et en tous » - embrassent l'univers tout entier. D'éternité en
éternité, Christ est l'explication de tout ce qui a été, de tout ce qui
est, et de tout ce qui sera.
C'est ce que nous chercherons à voir dans ces pages. « Christ tout et en tous » est :
1. L'Explication de la Création Elle-même
Nous savons naturellement que cette lettre aux Colossiens déclare cela dès le chapitre premier. Elle nous dit que:
16
Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et
sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités,
dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. 17 Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.
C'est une déclaration très vaste, et elle établit clairement que
Christ, étant tout, et en tous, est l'explication de la création tout
entière. Pourquoi toutes choses ont-elles été créées? Pourquoi Dieu, par
Christ, a-t-Il amené l'univers à l'existence? Pourquoi cet immense
système universel existe-t-il et se maintient-il? Quelle est
l'explication du monde? A toutes ces questions, il n'y a qu'une seule
réponse : c'est pour que Christ soit tout, et en tous. L'intention qui
était dans le coeur de Dieu, lorsqu'Il créa tout cet univers, c'était
que la création tout entière devînt un jour la manifestation de la
gloire et de la suprématie de Son Fils, Jésus-Christ.
Ce seul petit fragment : « et toutes choses subsistent par lui »,
nous dit clairement, et sans permettre aucun doute, que, sans le
Seigneur Jésus-Christ, l'univers se désintégrerait et tomberait en
ruines. Il lui manquerait son facteur d'unité; il n'aurait plus de
raison de se maintenir en un tout parfait et concret. Si tous les
éléments tiennent bien ensemble, s'il n'y a ni désintégration, ni
rupture, ni morcellement, ni émiettement, c'est parce que, de par la
volonté de Dieu, le Seigneur Jésus est le centre de tout ce système, de
tout cet univers. C'est Lui qui le gouverne. Et c'est Lui, le Fils de
Dieu, qui explique la création; sans Lui, il n'y aurait jamais eu de
création. Mettez-Le de côté, et la création perd aussitôt son but et sa
raison d'être; elle n'a plus besoin d'être maintenue. Que « Christ soit
tout, et en tous », c'était la pensée centrale et directrice de Dieu
dans la création de l'univers.
Cela peut nous laisser froid, dans une certaine mesure; cela peut
nous laisser indifférents, mais j'ose espérer que ce que nous allons
dire maintenant éveillera notre intérêt et réchauffera notre coeur. Il y
a, en effet, une perspective pour cet univers. Lorsque Dieu aura les
choses telles qu'Il les a voulues et déterminées dans l'éternité passée –
et Il les aura – l'univers tout entier, jusqu'à son dernier atome,
manifestera la gloire de Jésus-Christ. Que nous regardions les choses,
ou les personnes, nous ne verrons que Christ glorifié. Tout rayonnera de
la gloire de Christ! Quelle perspective merveilleuse et bénie que
celle-là!
Quand nous nous retrouvons entre enfants de Dieu, dans une de ces
rencontres bénies, de quelques heures, ou peut-être de quelques
journées, là où le Seigneur est le centre, et où nous n'avons tous qu'un
seul et même intérêt – le désir et la contemplation de Lui-même –
quelle expérience glorieuse est la nôtre! Et quand, ensuite, il nous
faut retourner dans le monde, combien l'atmosphère semble lourde et
glaciale! C'est grand et c'est précieux de voir le Seigneur dans les
Siens, et d'être ainsi rassemblés en Lui, malgré tout ce que de telles
rencontres peuvent encore avoir d'imparfait. Mais qu'en sera-t-il à
l'arrivée du jour éternel, où nous n'aurons plus besoin de retourner
dans le monde le lundi matin, après avoir passé un temps dans les parvis
du Seigneur, où nous ne toucherons plus rien sans entrer en contact
avec le Seigneur Jésus, et où l'univers tout entier sera plein de Sa
Personne –Christ tout et en tous ?
Voilà le dessein de Dieu. C'est là ce qu'Il a voulu et décidé;
l'univers tout entier sera pour Lui; tout sera une expression du
Seigneur Jésus.
Nous voyons maintenant beaucoup de choses qui ne reflètent pas le
Seigneur Jésus dans notre vie, dans la vie de chacun d'entre nous. Mais
le jour vient où vous ne verrez en moi rien d'autre que Lui, et où je ne
verrai en vous que le Seigneur Jésus; nous serons:
29
Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être
semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né
entre plusieurs frères.
Sa gloire morale brillera et sera manifestée ; Christ sera « tout et
en tous »! Dieu l'a voulu et décidé, et ce que Dieu a déterminé, Il
l'aura. C'est donc là l'explication de la création: que Christ soit
tout, et en tous, et qu'en toutes choses Il ait la première place.
Dans sa lettre aux Romains, l'apôtre Paul fait à cet égard une déclaration remarquable :
19 Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. 20 Car la création a été soumise à la vanité, -non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance Lire la suite
Remarquons ce que cela signifie et implique réellement. La création
est possédée d'un ardent désir. Cette attente douloureuse est semblable
aux souffrances de l'enfantement; et il y a en elle un espoir, (Non pas
celui de la dissolution de l'univers dont parlent certains savants.) Cet
espoir cependant, comme les soupirs qu'il provoque, a été délibérément
soumis à un règne de vanité, c'est-à-dire qu'espoir et soupirs sont
vains – jusqu'à un temps et un but déjà fixés. Cette fin sera
caractérisée par deux choses : d'une part, la révélation des fils de
Dieu; d'autre part, l'affranchissement, pour la création, de l'esclavage
de la corruption; les deux choses étant liées.
Tout cela remonte jusque dans l'éternité passée, et est lié au Seigneur Jésus, qui est Le Fils :
29
Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être
semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né
entre plusieurs frères.
Le premier passage que nous avons cité contient une déclaration
formelle et une implication très claire. La déclaration, c'est que la
création a été soumise à la vanité, et que son état actuel est la
servitude de la corruption. L'implication évidente, c'est qu'à un moment
défini, à cause de la corruption, la création tout entière a été
soumise à la vanité, et que ses soupirs et ses douleurs ont été frappés
de stérilité. C'est à cet égard que l'on peut comprendre toute l'étendue
et la nature de l'intervention de Satan dans la création. Par cette
intervention terrible, le dessein suprême de Dieu a été défié et mis en
échec, et la porte a été ouverte à la corruption. Cette corruption
devint si universelle qu'une sentence de vanité fut prononcée sur « la
création tout entière » .
L'effet produit par cette sentence, c'est que la création ne put
jamais, et ne peut pas, arriver à la raison de son existence, sur une
base autre que celle de la sainteté et de la ressemblance de Dieu. C'est
ici qu'intervient aussi toute la portée de la « rédemption qui est en
Jésus-Christ ». Par l'oeuvre universelle qu'Il a accomplie à la Croix,
Jésus-Christ a détruit les oeuvres du Diable, et, potentiellement le
Diable lui-même. Par la puissance de Sa nature et de Sa vie sans péché,
par l'efficacité de Son sang incorruptible, Il a détruit le péché et la
corruption, et Il a acquis la justification et la sanctification pour
tous ceux qui croient; ceux-ci deviennent, par la régénération, «en
Christ, une nouvelle création».
17
Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses
anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
C'est par ce moyen seul que la création peut être délivrée. Quand ces
fils de Dieu seront manifestés –leur nombre étant au complet – et que
tous ceux qui ont refusé ce salut auront été bannis du royaume de Dieu,
alors la création sera délivrée, et sa destinée originelle sera
atteinte. Christ sera tout et en tous.
2. L'Explication de l'Homme
Ensuite, en second lieu, nous avons l'homme, qui est la part centrale
de la création. Comment expliquer l'homme? Comment expliquer Adam, le
premier homme? Il y a dans les Ecritures un petit passage qui répond à
cette question. « Adam... est la figure de Celui qui devait venir »
(Romains 5 : 14), c'est-à-dire, Christ. Une figure de Celui qui devait
venir; voilà l'explication de l'homme. L'explication de l'homme, la
voici: l'intention de Dieu, c'était que chaque homme entrant dans ce
monde soit conforme à l'image de Son Fils, Jésus-Christ. Des multitudes
manqueront ce but. Mais il y aura aussi des multitudes, telles que
personne ne saurait les compter, de toute nation, de toute tribu, de
tout peuple et de toute langue, qui y parviendront glorieusement. Quelle
haute vocation! Quelle conception différente de la destinée de l'homme!
Et quelle perte ce serait que de manquer un tel but! Et cependant,
beaucoup disent en se plaignant que, s'ils avaient eu le choix, ils ne
seraient jamais entrés dans ce monde. Il y en a même qui, dans un moment
de dépression, ont maudit le jour qui les a vus naître. Cela montre
qu'il y a là quelque chose qui ne va pas; ce n'est pas ce que Dieu avait
voulu. Et si nombreux que soient les jours sombres où nous nous
demandons si la vie vaut vraiment la peine d'être vécue, revenons à la
pensée de Dieu, qui nous a donné la vie. Au point de vue divin, notre
naissance a été un privilège inestimable; c'est le plus grand honneur
qui pouvait nous être conféré. Nous ne nous en rendons pas toujours
compte, et nous ne le disons pas toujours, mais nous sommes sans cesse
contraints de revenir au point de vue de Dieu. Et lorsque nous revenons à
cette pensée de Dieu, qui veut que nous devenions conformes à l'image
de Son Fils, qui veut un univers peuplé d'hommes et de femmes rendus
conformes à l'image de Son Fils, Jésus-Christ, et qui soient pour Lui
une expression, une manifestation universelles de Christ glorifié de la
gloire du Père – oui, nous disons que c'est un privilège, un honneur
pour lequel il valait la peine de naître. Voilà l'explication de
l'homme. Nous ne pouvons qu'effleurer chacun de ces grands sujets, et il
nous faut passer au suivant.
3. L'Explication de la Rédemption
Nous avons aussi, dans ces mots « Christ est tout et en tous », l'explication de la rédemption.
Quelque chose de sinistre a paru. Quelqu'un s'est interposé dans le
dessein de Dieu. L'objectif divin ne pouvait être définitivement perdu
de vue, mais il y avait un autre qui s'est résolu à faire obstacle, par
tous les moyens en son pouvoir, à ce déploiement universel de la gloire
de Jésus-Christ. Jamais, s'il peut l'empêcher, Christ ne sera « tout et
en tous » .
Cet autre, c'était celui qui avait convoité cette gloire pour
lui-même, celui qui voulait être le seigneur universel du ciel et de la
terre, Satan. Et cette intervention de Satan a changé les choses du tout
au tout – mais pour un temps seulement. Il a séduit l'homme, et a rendu
l'homme différent de ce que Dieu avait voulu; l'image divine a été
altérée. C'était la ruine du dessein de Dieu – sans la rédemption! La
rédemption qui est en d'autres termes la Croix du Seigneur Jésus!
Quelle est l'explication de la Croix? Comment expliquer le double
aspect de cet acte insondable? D'une part, toute cette oeuvre expiatoire
et rédemptrice par laquelle le Seigneur Jésus a réglé cette question du
pêché, prenant sur Lui le péché universel, acceptant d'être fait
malédiction à notre place? Et pourquoi, d'autre part, cette oeuvre
subjective qui en est le complément, et par laquelle la Croix est
implantée dans le coeur du croyant, si bien que, par une expérience
spirituelle, il devient uni à Christ par la conformité à Sa mort, et
entre dans la tombe avec Lui? Pourquoi cette application de la Croix, si
douloureuse et si terrible à traverser, oui, cette destruction du «
vieil homme » , cette vivisection du « corps de la chair », ce
dépouillement de l'être extérieur, cette expérience intérieure de la
puissance de la Croix – si terrible pour la chair? Quelle en est
l'explication?
Pour que Christ soit tout et en tous. Pourquoi sommes-nous brisés?
Pour faire place au Seigneur Jésus. Pourquoi sommes-nous amenés jusque
dans la poussière par le Saint-Esprit, lorsqu'Il accomplit en nous la
mort de la Croix? Pour que le Seigneur Jésus prenne en nous la place
occupée auparavant par la chair. Nous interprétons bien mal quelquefois
cette application de la Croix. L'ennemi est toujours à côté de nous,
avec ses insinuations malfaisantes, nous suggérant la pensée que Dieu
est cruel, que Dieu n'est pas bon, qu'Il nous écrase, nous humilie, nous
anéantit; il nous laisse entendre que nous ne verrons jamais la fin de
cette épreuve, et fait tout pour nous ébranler.
La Croix, bien-aimés, n'a d'autre but que de faire devenir le
Seigneur Jésus « tout et en tous » pour nous. Et je vous le demande, à
vous tous qui connaissez quelque chose de cette expérience, n'est-il pas
vrai que le chemin par lequel le Seigneur vous a fait passer, la
manière dont Il a appliqué la Croix dans votre vie, vous faisant devenir
une même plante avec Lui dans Sa mort et Son ensevelissement, vous ont
amenés à connaître le Seigneur Jésus comme vous ne L'aviez jamais connu
auparavant? N'est-ce pas par ce chemin-là qu'Il vous est devenu cent
fois, mille fois plus cher et précieux? N'est-ce pas précisément à cause
de ces expériences qu'Il est devenu pour vous ce qu'Il est maintenant?
Oui, c'est par le chemin de la Croix que le Seigneur Jésus devient «
tout et en tous ». Nous savons très bien que notre plus grand ennemi,
c'est nous-mêmes, notre chair. Cette chair ne nous donne aucun repos,
aucune paix, aucune satisfaction; nous n'avons aucune joie en elle. Elle
nous obsède, nous absorbe, se met sans cesse au travers de notre chemin
pour nous enlever la joie même de vivre. « Ce « moi » cruel, oh! comme
il se débat » - Que faut-il donc en faire?
Ce qu'il faut en faire? Mais, c'est dans la Croix, et par la Croix,
que nous sommes délivrés de nous-mêmes! non seulement de nos péchés,
mais de nous-mêmes! Et, délivrés de nous-mêmes, nous sommes livrés à
Christ; et Christ grandit, Lui, de tout ce dont nous diminuons, nous.
C'est un chemin douloureux, mais l'issue en est bénie! Ceux d'entre nous
qui, dans cette expérience, ont traversé la plus pénible agonie,
pourraient témoigner, nous en sommes sûrs, que tout ce qu'ils ont retiré
de connaissance personnelle du Seigneur Jésus, et de richesses
spirituelles, a bien plus de prix que tout ce qu'ils auraient pu
conserver en échappant à cette épreuve. L'épreuve n'a pas été vaine.
Ainsi, l'oeuvre du Seigneur pour nous, comme l'oeuvre que le Seigneur
accomplit en nous par Sa Croix, n'a d'autre objet, dans la pensée
divine, que de faire place au Seigneur Jésus. L'autel des sacrifices
dans le Tabernacle, comme dans le Temple, était un grand autel; c'était
un autel très vaste, de très grandes dimensions. Tous les autres objets
de la Maison de Dieu pouvaient trouver place à l'intérieur de ce grand
autel, qui, pour nous aussi, doit être très grand; il faut qu'il y ait
une grande place pour Christ crucifié. Il faut qu'Il remplisse toutes
choses, et Il doit être la plénitude de toutes choses ; alors, il n'y
aura plus de place pour nous. Est-ce que cela nous effraie et nous
décourage? Sûrement pas! Ne chantons-nous pas, pleins de joie: « Pour
toujours en Ta présence, je serai semblable à Toi! » Que veut dire cela,
sinon - ce n'est plus « moi », mais Christ est tout. Oui! l'explication
de la Croix, de l'oeuvre de la rédemption accomplie sur cette Croix,
est tout simplement celle-ci : il faut que Christ soit tout, et en tous;
il faut qu'en toutes choses, Il tienne, Lui, la première place.
C'est ensuite l'explication de nos expériences, la raison pour
laquelle le Seigneur agit à notre égard comme Il le fait, la raison pour
laquelle les croyants passent par les épreuves qu'ils traversent, des
épreuves que d'autres ne connaissent pas, et où ils sont quelquefois
presque tentés d'envier les non-convertis qui ont une vie apparemment
plus facile.
C'est là aussi qu'il faut chercher l'explication des épreuves
d'Israël dans le désert. Après avoir été délivrés de la servitude et de
la tyrannie de Pharaon, de l'angoisse et de l'agonie de l'Egypte, les
Israélites sont maintenant dans le désert; et les circonstances leur
sont si adverses qu'ils seraient prêts à reprendre le chemin de
l'Egypte. Pourquoi cette discipline? Parce que le Seigneur a une oeuvre à
accomplir en eux, afin d'être tout en eux. S'Il épuise leurs ressources
naturelles, c'est uniquement pour leur montrer ce que sont les
ressources célestes. S'Il brise leur force naturelle, c'est pour qu'ils
apprennent à connaître la force du ciel. Tout ce qu'Il leur enlève, et
tout ce qu'Il leur donne en échange, n'a d'autre but que de les arracher
à eux-mêmes, pour qu'Il devienne, Lui, tout et en tous.
Et c'est l'explication de nos difficultés. Le Seigneur sait comment
agir avec chacun d'entre nous, et Il varie Ses méthodes en conséquence.
Il dirige votre vie d'une manière, et la mienne d'une autre. Il sait
comment nous conduire à travers nos expériences, qui sont toutes
calculées pour nous amener à la place où le Seigneur est tout et en
tous.
4. La Croissance Spirituelle
Qu'est-ce que la croissance spirituelle? Qu'est-ce que la maturité
spirituelle? Que signifie avancer dans notre marche avec le Seigneur?
Nous avons, je le crains, des idées bien confuses à cet égard.
Nombreux sont ceux qui croient que la maturité spirituelle est une
connaissance plus approfondie de la doctrine chrétienne, une faculté
plus capable d'assimiler la vérité scripturaire, une compréhension plus
vaste des choses de Dieu. La possession de capacités de cet ordre-là est
facilement regardée comme une preuve de croissance, de développement,
de maturité spirituelle. Or, il n'en est rien, bien-aimés. La marque
distinctive du vrai développement et de la maturité spirituelle, c'est
que « nous » sommes devenus beaucoup plus petits, et que le Seigneur
Jésus a grandi en nous dans la mesure où nous avons diminué. La voilà la
marque de la maturité. Quand on est devenu petit à ses propres yeux, et
que l'on voit le Seigneur Jésus si grand, on est entré dans la maturité
spirituelle. C'est la croissance.
On peut avoir une grande connaissance en matière doctrinale, avoir une intelligence remarquable de la vérité, même de la vérité scripturaire, tout en restant très petit spirituellement, en demeurant à l'état d'enfant, absolument dépourvu de maturité. Etre ou devenir un enfant, comme le Seigneur nous y invite, ou rester dans l'enfance spirituelle, ce sont deux choses tout à fait différentes. La vraie croissance spirituelle est simplement ceci: je diminue, Il grandit. C'est l'accroissement du Seigneur Jésus dans la place qu'Il occupe et dans la valeur qu'Il prend à nos yeux. Voilà la véritable signification de la croissance spirituelle.
On peut avoir une grande connaissance en matière doctrinale, avoir une intelligence remarquable de la vérité, même de la vérité scripturaire, tout en restant très petit spirituellement, en demeurant à l'état d'enfant, absolument dépourvu de maturité. Etre ou devenir un enfant, comme le Seigneur nous y invite, ou rester dans l'enfance spirituelle, ce sont deux choses tout à fait différentes. La vraie croissance spirituelle est simplement ceci: je diminue, Il grandit. C'est l'accroissement du Seigneur Jésus dans la place qu'Il occupe et dans la valeur qu'Il prend à nos yeux. Voilà la véritable signification de la croissance spirituelle.
5. L'Explication du Service sous Toutes ses Formes
Qu'est-ce que le service chrétien dans la pensée de Dieu? Il ne
consiste pas en un programme très rempli d'activités chrétiennes; ce
n'est pas nécessairement cela. Ce n'est pas être occupé sans relâche
dans ce que nous appelons « les choses du Seigneur ». Il n'est
représenté ni par le temps qu'on y consacre, ni par l'énergie qu'on y
déploie, ni par l'enthousiasme dont on fait preuve à l'égard du Royaume
de Dieu, non plus que par l'ingéniosité de nos méthodes, ou l'ampleur de
nos entreprises pour le Seigneur.
Le vrai caractère de tout service, bien-aimés, est celui-ci : quelles
sont les motivations qui nous font agir? Les motivations! Sont-elles
inspirées, du début à la fin, par le désir qu'en toutes choses, Christ
ait la première place, que Christ soit tout et en tous?
Nous connaissons bien les tentations et la fascination du service
chrétien, le piège d'une activité inlassable, qui nous entraîne à toute
sorte d'occupations, avec des programmes qui ne nous laissent aucun
répit, qui nous inspire des projets, des entreprises toujours nouvelles,
et qui absorbe tout notre temps. Il y a là un péril, et nombreux sont
les serviteurs de Dieu qui s'y sont laissé prendre. Il y a pour l'homme
le danger d'être mis en évidence, et de faire sienne une oeuvre qui ne
lui appartient pas, d'en arriver à chercher ses propres intérêts, à
trouver sa satisfaction dans la manière dont il sait gouverner et gérer
les choses.
Non. Se dépenser de jour en jour dans une oeuvre chrétienne pour le
simple plaisir d'exercer une activité, céder à la fascination du travail
à accomplir, supputer les avantages qu'on pourra en retirer, jouir de
toutes les satisfactions, petites et grandes, qui s'offrent à la chair
dans le chemin d'activités, tout cela c'est une chose. Mais c'est une
chose toute différente de vouloir Christ au centre de notre vie et de
notre activité, afin qu'Il soit tout et en tous. Il faut parfois être
mis de côté pour voir cette pensée prendre corps. Et c'est alors que
nous pouvons apprécier nos motivations à leur juste valeur : Est-ce pour
nous la même chose, sommes-nous également satisfaits de voir le travail
s'accomplir sans nous? Cela nous plaît-il que notre mise à l'écart
contribue davantage que notre collaboration à la gloire de Dieu? Pourvu
qu'Il ait, Lui, ce que Son coeur désire, qu'importe que l'on nous voie
ou nous entende! C'est une grâce de Dieu, lorsque nous en arrivons à
accepter de bon gré, pour que le Seigneur Jésus ait la voie libre, une
place où personne ne prend plus garde à notre présence ou à notre
absence. Nous en avons si bien pris le pli, oui, nous en sommes arrivés à
croire sincèrement que le Seigneur Jésus ne pourra plus accomplir Son
oeuvre, si nous ne sommes pas Son instrument... Et pourtant!
C'est bien souvent une question de rivalité : rivalité de chaire, rivalité d'église, questions de préséance qui touchent à des points sensibles, réactions charnelles, parce que l'intérêt s'est concentré sur un message plutôt que sur un autre, parce que toutes les remarques favorables se sont portées dans la même direction... nous connaissons bien tout cela, n'est-il pas vrai? Après tout, quel était donc notre objectif? Cherchions-nous la faveur de notre auditoire, le triomphe de notre prédication, ou bien le triomphe de notre Seigneur? Il y a une grande différence entre ces motivations. Le Seigneur Jésus tire quelquefois plus de gloire que nous ne le croyons de nos expériences douloureuses, tandis que, au contraire, nos bons moments ne Lui ont peut-être pas donné tout ce que Son coeur aurait désiré. Voilà pourquoi il est nécessaire que nous soyons mis de côté, maintenus dans la faiblesse et l'humilité, c'est afin qu'Il ait, Lui, la première place.
C'est bien souvent une question de rivalité : rivalité de chaire, rivalité d'église, questions de préséance qui touchent à des points sensibles, réactions charnelles, parce que l'intérêt s'est concentré sur un message plutôt que sur un autre, parce que toutes les remarques favorables se sont portées dans la même direction... nous connaissons bien tout cela, n'est-il pas vrai? Après tout, quel était donc notre objectif? Cherchions-nous la faveur de notre auditoire, le triomphe de notre prédication, ou bien le triomphe de notre Seigneur? Il y a une grande différence entre ces motivations. Le Seigneur Jésus tire quelquefois plus de gloire que nous ne le croyons de nos expériences douloureuses, tandis que, au contraire, nos bons moments ne Lui ont peut-être pas donné tout ce que Son coeur aurait désiré. Voilà pourquoi il est nécessaire que nous soyons mis de côté, maintenus dans la faiblesse et l'humilité, c'est afin qu'Il ait, Lui, la première place.
Notre service, pour répondre à la pensée de Dieu, doit être éprouvé
sur la base de notre motivation – dans quel but oeuvrons-nous? Est-ce
pour le travail lui-même? Est-ce par besoin d'entreprendre une oeuvre,
d'être actif et occupé? Ou bien sommes-nous seulement et uniquement
désireux de voir le Seigneur Jésus à Sa place dans les Siens, de voir le
dessein de Dieu réalisé? Et si, pour être tout et en tous, Il a besoin
de notre mort aussi bien que de notre vie, sommes-nous arrivés à la
place où nous pouvons dire, avec l'apôtre :
20
selon ma ferme attente et mon espérance que je n'aurai honte de rien,
mais que, maintenant comme toujours, Christ sera glorifié dans mon corps
avec une pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort;
C'est là l'explication du service, au point de vue de Dieu.
Bien sûr, c'est l'explication de beaucoup d'autres choses encore. C'est :
6. L'Explication de Tout l'Ancien Testament
« Christ tout et en tous » - cette phrase qui représente toute la
pensée de Dieu, nous explique aussi tout l'Ancien Testament. Nous ne
nous arrêterons pas ici à le démontrer en détail; nous en indiquerons
simplement les traits principaux et passerons plus loin.
Qu'est-ce que l'Ancien Testament? Dans son ensemble, il est composé
de symboles, de grandes figures qui, toutes, représentent Jésus-Christ.
Prenons les deux principales: le Tabernacle et le Temple. Ces deux
grandes figures sont des représentations du Seigneur Jésus, dans Sa
Personne comme dans Son oeuvre, et comme telles, elles occupent la place
centrale dans la vie d'un peuple élu. La vie de ce peuple est liée si
intimement à ces figures, qu'ils ne sont qu'un; et tant que ce peuple
élu est en relation vivante et normale avec cet objet central, que ce
soit le Tabernacle ou le Temple, tant qu'il le met à la place qui lui
appartient, tant qu'il lui témoigne l'honneur et le respect qui lui sont
dus, tant qu'il le maintient à sa place de sainteté absolue, tant qu'il
se conforme à son esprit, à ses lois, à son témoignage – bien que,
parmi tous les peuples de la terre, il soit en lui-même le moins capable
de sauvegarder ses propres intérêts – il a la suprématie absolue sur
tous les autres. De toutes les nations de la terre, il n'en est pas une
qui puisse lui résister.
Et c'est un peuple qui n'a jamais été formé dans l'art de la guerre.
Il n'a pas derrière lui une longue histoire de faits d'armes et de
stratégie dans ce domaine. En lui-même, c'est un peuple sans défense. Et
cependant, il prend l'ascendance, non seulement sur des nations isolées
qui le surpassent en grandeur et en puissance, mais sur des coalitions
de nations ; alors même qu'elles se liguent toutes contre lui, il
triomphe, tant qu'il demeure fidèle à cet objet central – cet objet
central est une représentation du Seigneur Jésus, dans toute Sa Personne
et Son oeuvre.
Quelle est l'interprétation spirituelle de toute cette histoire?
Lorsque le Seigneur Jésus a la place qui Lui revient, lorsque, en toutes
choses, Il occupe la première place, Sa suprématie, une suprématie
absolue, s'exerce au sein de Son peuple d'abord, puis, à travers Son
peuple, sur tout le monde qui l'entoure. Quand Christ est tout et en
tous, quand cela est bien vrai en expérience vivante, aucune force n'est
capable de Lui résister.
Que le Seigneur Jésus ait Sa place dans la vie et le coeur des Siens,
dans toutes leurs affaires et leurs relations, c'est le secret de la
suprématie et de la souveraineté absolues, et les portes du Hadès ne
peuvent prévaloir.
7. L'Explication du Nouveau Testament
Le Nouveau Testament nous met en présence de petits groupes de
croyants, sans importance au milieu des peuples de la terre, méprisés,
rejetés, incapables de se faire entendre sans être molestés, et qui
finissent par attirer sur eux la colère organisée et la haine des
nations de ce monde, jusqu'au jour où toutes les ressources d'un grand
empire de fer seront exploitées, utilisées et mobilisées, pour balayer
de la terre ce peuple humble et méprisé, et faire disparaître de
l'histoire son souvenir même.
Or, qu'est-il arrivé? Les empires se sont écroulés, les puissances du
monde se sont effondrées. On passe maintenant d'un continent à l'autre
pour visiter les ruines et les restes de ces grands empires. Mais qu'en
est-il du peuple « de la voie » , de ces disciples du Nazaréen méprisé?
C'est une multitude immense, que personne ne peut compter. Le ciel en
est rempli et, sur la terre, ceux qui connaissent et aiment le Seigneur
Jésus, et qui sont de « ceux de la Voie », se chiffrent par dizaines de
milliers.
L'explication, c'est que Dieu a voulu que Son Fils soit tout et en
tous, et qu'en toutes choses Il tienne la première place. Si nous sommes
en relation vivante avec le Fils de Dieu, les hommes et l'enfer peuvent
faire tous leurs efforts, ils n'empêcheront jamais Dieu de parvenir à
Son but, et Son peuple restera dans Son ascendance, et finira par
triompher.
Un mot encore. C'est :
8. L'Explication de l'Eglise
Qu'est-ce que l'Eglise? Dans la pensée de Dieu, ce n'est pas le
christianisme tel que nous le connaissons; ce ne sont pas les églises,
en tant que centres organisés du christianisme. Ce n'est pas non plus la
propagation de l'enseignement chrétien et d'une entreprise chrétienne.
La pensée de Dieu, c'est d'avoir, sur la terre, un peuple pour lequel et
au sein duquel Christ est tout et en tous. C'est cela, l'Eglise. Il
nous faut revoir nos idées. Dans la pensée de Dieu, l'Eglise commence
là, et l'Eglise finit là où le Seigneur Jésus a la place de suprématie
absolue; et ce que Dieu désire toujours, c'est de rassembler ceux de Ses
enfants qui entrent le plus pleinement dans Sa pensée, afin de trouver
en eux la satisfaction de Son coeur, et la réalisation de Son dessein
éternel – que le Seigneur Jésus ait en toutes choses la première place,
la pré-éminence – qu'Il soit tout et en tous. Il passe à côté de cette
grande institution qu'on appelle « l'Eglise », et Il est avec ceux qui,
en eux-mêmes, ont un coeur humble et contrit, et qui tremblent à Sa
Parole, ceux pour lesquels le Seigneur Jésus est le seul et unique Objet
de culte et d'adoration, et dont le coeur s'élève tout simplement à
Lui. C'est là qu'Il trouve la réponse à Son désir éternel.
C'est exactement ce que dit notre texte. Considérons-le encore:
11
Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare
ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous.
C'est là où chacun a « revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en
connaissance, selon l'image de Celui qui l'a créé» (verset 10). Pensons
au sens spirituel de ce passage, et nous verrons qu'il s'agit là de
l'Homme corporatif, l'Eglise, le Corps de Christ, qui est la plénitude
de Celui qui remplit tout en tous. L'Eglise est:
23 qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.
Là, dans cet homme corporatif, il ne peut y avoir ni Grec ni Juif.
Remarquons bien les termes. Il n'est pas dit que le Grec et le Juif se
réunissent dans une communion bénie. Non, nous n'avons pas toutes les
nationalités dans l'Eglise; toutes les nationalités ont disparu, et il y
a maintenant une seule et nouvelle création spirituelle, un homme
nouveau, où il ne peut plus y avoir ni Grec, ni Juif, ni esclave, ni
homme libre, où toutes les distinctions terrestres ont disparu,
abandonnées pour toujours – c'est «un seul homme nouveau »; c'est cela
l'Eglise.
Une combinaison soigneusement arrangée où Luthériens, Réformés,
Baptistes, Méthodistes et Protestants de toutes nuances se tendent la
main et, pour un temps, oublient leurs divergences, ce n'est pas
l'Eglise. L'Eglise est là où ces choses n'existent pas, non pas où elles
sont voilées provisoirement, mais où elles n'existent pas; un seul
Corps, un seul Esprit. L'Eglise est uniquement: Christ tout et en tous.
Réalisons et vivons cela, et nous avons l'Eglise. L'on peut donner le
nom d'Eglise à tout ce que l'on voudra, mais tant que Christ n'y est pas
tout et en tous, ce n'est qu'une contradiction. Eprouvez toutes choses
par ce critère.
S'il est vrai que, dans la pensée et le coeur de Dieu, la vie
chrétienne se résume par ces paroles « Christ tout et en tous », alors
une question se pose. Etes-vous un vrai chrétien? Suis-je un vrai
chrétien? Car nous venons de voir que, par la Croix, nous avons disparu
pour faire place au Seigneur Jésus. Or, si nous faisons profession
d'être venus au Seigneur par le chemin du Calvaire, cela signifie que
nous avons été mis de côté par cette Croix, afin que Christ soit tout et
en tous. Qu'en est-il en réalité? Voulons-nous encore en peu du monde.
Oh! un peu seulement! En dehors du Seigneur, je tiens encore à ceci, et à
cela. Et j'y tiens délibérément, parce que le Seigneur Jésus ne m'a pas
entièrement satisfait, et je cherche ailleurs ; il me faut une
compensation. Etre un « chrétien mondain » est une violente
contradiction, c'est une contradiction nominative. Avoir besoin de
quelque chose en dehors de Christ, c'est renier l'oeuvre accomplie sur
la Croix, et prendre position contre l'intention éternelle de Dieu
concernant Christ. Voulons-nous prendre une telle responsabilité?
Dieu a pré-ordonné, de toute éternité, que Son Fils soit tout et en
tous. Nous faisons profession d'appartenir au Seigneur Jésus, et
cependant il ne serait pas vrai qu'Il soit, pour nous, tout et en tous?
S'il en est ainsi, il y a un reniement, une contradiction ; nous nous
opposons à la pensée de Dieu, nous résistons à Son dessein éternel.
Est-ce vrai que, pour nous, Il est tout et en tous? Il le
sera certainement, si nous sommes prêts à aller avec Lui jusqu'au bout.
Oh! ces suggestions subtiles que des lèvres menteuses murmurent
constamment à nos oreilles! Si tu renonces à ceci ou à cela, tu vas tout
perdre; la vie sera moins riche qu'elle ne l'est maintenant et qu'elle
ne pourrait l'être dans l'avenir; tu vas au-devant de telles limitations
qu'il ne te restera plus rien à la fin. Mensonge! C'est précisément
cette crainte qui entrave la réalisation de la grande pensée de Dieu à
notre égard. La pensée de Dieu pour nous, c'est que Celui qui est Son
Fils, Jésus-Christ, en qui habite corporellement toute la plénitude de
la divinité, que Lui soit notre plénitude. Toute la plénitude de Dieu en
Christ est pour nous! Nous n'atteindrons jamais ce but en Le rejetant.
Si nous n'allons pas avec Lui jusqu'au bout, notre vie sera certainement
limitée et amoindrie, et ce qui est vrai dans la question de notre
consécration au Seigneur – abandon complet de notre vie entre Ses mains
et séparation totale d'avec tout ce qui n'est pas du Seigneur – est
aussi vrai dans le domaine du service. Notre chair aime à se faire une
place dans l'oeuvre de Dieu, et elle ne se lasse pas de nous répéter
que, si nous voulons dépendre du Seigneur seul, nous connaîtrons des
jours d'anxiété. Mais une vie de complète dépendance de Dieu peut être
une bénédiction continuelle. C'est dans cette voie que nous faisons,
presque à chaque pas, des découvertes qui nous laissent toujours plus
émerveillés.
Nous pouvons nous sentir à demi-morts à un moment donné, et cinq
minutes après, si le Seigneur nous confie quelque travail, nous
recevrons un renouveau de vie, dépendants ainsi de Lui pour chaque
mouvement et pour l'air que nous respirons. C'est ainsi que nous
apprenons à connaître le Seigneur. Puis, après cette expérience, nous
pouvons nous sentir de nouveau aussi impuissants et anéantis que
précédemment, mais nous nous souvenons que le Seigneur était intervenu;
et le Seigneur intervient encore. La vie devient ainsi une riche
communion, et cependant personne ne pourrait se douter que nous
dépendons du Seigneur, recevant de Lui la force et le souffle au fur et à
mesure des besoins. Quelle bénédiction que de savoir que c'est le
Seigneur qui a tout accompli, et que, livrés à nous-mêmes, nous n'y
serions jamais parvenus. Ce qui, sur le plan humain et terrestre, est
impossible, le Seigneur l'accomplit. Quelle bénédiction!
Prolongeons ces lignes, bien-aimés, dans le domaine de l'Eglise.
Appliquons l'épreuve. Pour nous, je parle ici sans aucun esprit de
jugement ou de critique, ne désirant pas faire des distinctions
inopportunes; mon seul désir est d'être fidèle, pour nous, notre foyer
spirituel doit être là où le Seigneur Jésus est le plus honoré. Notre
communion fraternelle doit être là où Dieu trouve ce qui satisfait le
plus Son coeur, là où Christ est tout et en tout; c'est cela qui doit
être l'Eglise pour nous. Il ne faut pas que nous soyons liés par des
traditions, par des choses qui prétendent être ce qu'elles ne sont pas.
C'est là où le Seigneur est le plus honoré que doivent être nos coeurs,
là où tout est subordonné à cette réalité centrale, Jésus-Christ tout et
en tous. C'est là qu'est l'Eglise, et c'est là que doit être le centre
de gravité de nos coeurs. Le lieu où Dieu déposera Son témoignage, et
par lequel Il manifestera aux autres la puissance de ce témoignage, doit
être le lieu où le Seigneur Jésus est le plus honoré. Si nous sommes en
plein accord avec le dessein de Dieu concernant Son Fils, c'est à nous
que viendront ceux qui sont affamés spirituellement, et nous ne
manquerons pas d'occasions de leur donner cette nourriture céleste qui
nous a si abondamment satisfaits.
Tout est Vie
Souvenons-nous que tout ce qui se rapporte à la vie chrétienne est
affaire d'expérience. Tout doit être expérimenté, vécu. Tout ce qui
touche au Seigneur Jésus est essentiellement en relation avec la vie. Ce
n'est pas doctrinal. Ce n'est pas une question de credo. Le fait
d'accepter certaines déclarations de doctrine ou de croyance ne nous
mettra pas en relation avec le Seigneur Jésus. Jamais! Nous ne devenons
pas chrétiens en souscrivant à certaines doctrines, ou en adhérant à une
profession de foi orthodoxe, non plus qu'en croyant certaines choses
qui nous sont dites du Seigneur Jésus. Ce n'est pas de cette manière-là
que nous devenons des chrétiens, et ce n'est pas sur cette base qu'est
constituée l'Eglise, bien qu'elle professe certaines règles de foi.
Il faut, dans notre vie, que tout soit fondé sur l'expérience; il
faut que chaque élément de notre foi devienne partie de nous-mêmes, et
que nous soyons nous-mêmes un élément vivant dans notre foi. Il n'est
pas suffisant de croire que Christ est mort sur la Croix. Il faut que ce
fait entre profondément dans notre vie personnelle et devienne une
expérience, une action puissante, une force qui opère et agit dans tout
notre être.
L'Eglise n'est pas établie sur une base de déclarations doctrinales.
On ne peut pas réunir quelques personnes, en leur disant simplement :
voici quelques considérations parfaitement saines, nous allons
constituer notre Eglise sur cette base. L'Eglise est là où la vérité a
été incrustée, où elle est devenue expérience et vie. Quand l'enfer se
lève pour projeter contre les enfants de Dieu les miasmes de la
division, ce n'est pas un credo qui sauvera l'unité menacée. Le credo le
plus ultra-évangélique n'a jamais réussi à assurer la cohésion des
chrétiens. L'unité de l'Esprit se forge d'autre façon; c'est le fruit
d'un travail de Dieu accompli en nous, au-dedans de nous. Sans cette
unité-là, rien ne pourra résister aux esprits de division et de schisme
qui nous assaillent.
Il faut que tout ait son fondement, non pas dans la doctrine ou la
profession de foi, mais dans l'expérience. C'est sur la base de
l'expérience que nous pouvons entrer dans le plan de Dieu. Il n'est pas
difficile de chanter dans nos cantiques : « Christ est tout et en tous »
, et de croire qu'il est suffisant de le faire de manière tout
objective. Mais c'est une chose tout autre, lorsque ces mêmes paroles
sont le fruit d'une expérience personnelle. Il y a beaucoup de chrétiens
qui diront aujourd'hui, - « oui, c'est vrai, Christ est tout et en tous
» . Et cependant, si, demain matin, vous les touchez à une place
sensible où leurs préférences entrent en jeu, ils vous donneront la
preuve que Christ n'est pas encore tout et en tous. C'est par le chemin
de l'expérience que nous devons arriver là. Que le Seigneur nous donne
la grâce d'y parvenir.
Le dernier appel que j'adresse ici à nous tous, c'est que nous nous
unissions tous pour élever tout à nouveau le Seigneur Jésus sur le trône
qui Lui appartient, afin qu'Il règne en Souverain suprême dans notre
coeur, dans toute notre vie, dans toutes nos relations. Si nous avons
retenu quelque chose de nous-mêmes, cédons aujourd'hui. Si nous avons
encore certaines réserves dans notre coeur, consacrons-nous maintenant.
Si nous avons été jusqu'ici partagés entre le Seigneur et le monde, ou
entre Lui et un objet que nous chérissons, mettons-y dès maintenant le
point final, afin qu'Il soit, Lui, tout et en tous. Qu'il en soit ainsi
dès ce moment, et que, dans nos relations avec le Seigneur, nous
continuions sur une base toute nouvelle. Voulons-nous le faire?
Demandons au Seigneur de briser jusqu'au lien le plus tendre qui
pourrait faire obstacle à ce qu'Il soit tout et en tous – sommes-nous
prêts à faire cela même? Que le Seigneur nous en donne la grâce!