mercredi 1 novembre 2017

Qu'Est-Ce Qu'Un Réveil? par Arthur Wallis

"Dieu vient… Sa majesté couvre les cieux, et Sa gloire remplit la terre… Il s'arrête, et de l’œil Il mesure la terre; Il regarde, et Il fait trembler les nations; les montagnes éternelles se brisent, les collines antiques s'abaissent; les sentiers d'autrefois s'ouvrent devant Lui." (Habakuk 3:3,6)
 
Il n’y a jamais eu une époque dans laquelle le terme " réveil " a eu besoin d’être défini plus soigneusement. Il en est venu à être utilisé en relation avec des choses spirituelles dans une acceptation si large et de façon si approximative que beaucoup sont perplexes de savoir ce qu’il signifie. Pour certaines personnes ayant des préjugés ou ayant été mal informées, le terme est synonyme d’émotionalisme excessif ou d’hystérie de foule. Il est à espérer que les pages qui suivent constitueront une réponse suffisante à une telle calomnie sur l’œuvre du Saint-Esprit. D’autres utilisent le mot pour décrire une mission d’évangélisation réussie. Quand ils nous disent que leur église " a un réveil ", nous comprenons par là qu’ils veulent dire qu’une campagne d’évangélisation y est organisée. Il se peut que cet usage soit un reliquat des jours où l’Esprit œuvrait à grande échelle, et où l’on avait seulement à mettre sur pied une telle mission pour être témoin d’un renouveau parmi les croyants et une moisson parmi les perdus. Aujourd’hui, il en va tout autrement, mais dans tous les cas utiliser le terme de cette façon est erroné.
Certains, adoptant de près l’étymologie du mot, l’utilisent pour décrire une revivification personnelle du croyant par le Saint-Esprit. Si un individu ou un groupe est ravivé dans la sainteté ou amené dans un état de bénédiction, c’est cela qu’ils appellent " réveil ", même si l’extension de l’œuvre est minime. De façon similaire, d’autres qui mettent l’accent davantage sur une expérience particulière avec le Saint-Esprit, affirmeront que lorsqu’un individu ou un groupe a été rempli du Saint-Esprit, il a " obtenu un réveil ", indépendamment du fait qu’il y ait ou non des répercussions quelconques en dehors de leur cercle. Dans la mesure où un réveil implique toujours une revivification des croyants individuels, ces points de vue sont vrais, mais en tant que définitions du réveil, ils sont inadéquats.
Nous ne pouvons pas nous tourner vers la Bible pour voir comment le mot " réveil " est utilisé, car il ne s’y trouve pas, bien qu’elle contienne de nombreux exemples et types de réveil, et dévoile tous ses principes. Les équivalents scripturaux les plus proches sont " ranimer " (ou stimuler), et " raviver ", mais ces derniers peuvent s’appliquer à une œuvre de revivification individuelle, et ne sont pas toujours synonymes de ce qui a été appelé, d’un commun consentement, à travers les siècles, un " réveil religieux. "
Il serait bon que ceux qui souhaitent décrire ce qui est simplement une œuvre de stimulation parmi les croyants utilisent ces expressions scripturaires, " raviver " et " revivification ", et les distinguent du " réveil " qui les englobe tous, tout en les dépassant. Un réveil est davantage qu’une grande réunion. C’est plus qu’une excitation religieuse. C’est plus qu’une stimulation des saints, ou le fait qu’ils soient remplis du Saint-Esprit. C’est plus qu’une grande moisson d’âmes. On peut avoir l’une quelconque de ces choses sans avoir un réveil, et néanmoins un réveil les inclut toutes.
Il y a un énorme fossé entre des missions ou des campagnes d’évangélisation à leur meilleur niveau et un véritable réveil. Dans les premières, c’est l’homme qui prend l’initiative, avec la possibilité que ce soit l’Esprit qui le pousse à le faire; dans le deuxième cas, l’initiative est de Dieu. Avec les unes, l’organisation est humaine; avec l’autre elle est divine. Je n’ai aucune intention ici de dénigrer le travail missionnaire, ou de nier que Dieu leur doit la conversion d’une multitudes de gens, mais il doit être dit clairement qu’elles ne constituent pas des réveils. Les missions peuvent faire partie du programme continu d’évangélisation qui relève de la tâche de l’Eglise, mais un réveil est une chose survenant en des temps et périodes spéciaux. Un réveil peut bien sûr éclater pendant une mission, mais quand c’est le cas certains traits caractéristiques apparaîtront qui sont spécifiques d’un réveil, et certains traits disparaîtront qui sont caractéristiques des missions. Toutefois, tandis que le réveil tarit, l’évangélisation normale de l’Eglise doit continuer, mais que la distinction reste claire.
La signification d’un mot quelconque est déterminée par son usage. Pour définir un réveil, nous devons par conséquent faire appel aux personnes de Dieu d’autrefois qui ont utilisé le mot tout en gardant tout au long des siècles une cohérence dans sa signification, jusqu’à ce qu’il soit utilisé dans un sens plus faible et réduit dans les époques modernes. De nombreux écrits sur le sujet qui nous ont été préservés confirmeront qu’un réveil est une intervention divine dans le cours normal des choses spirituelles. C’est Dieu Se révélant Lui-même à l’homme dans une sainteté effroyable et une puissance irrésistible. C’est une opération de Dieu si manifeste que les personnalités humaines s’éclipsent et que les programmes humains sont abandonnés. C’est l’homme se retirant en arrière-plan parce que Dieu est monté sur scène. C’est le Seigneur découvrant Son bras saint, et œuvrant dans une puissance extraordinaire sur les saints et les pécheurs.
Le Dieu des saints et prophètes de l’Ancien Testament était le Dieu du réveil. Au chapitre 63 de sa prophétie, Esaïe, rappelant la façon dont le peuple de Dieu s’était rebellé et avait attristé Son Saint-Esprit (verset 10), soupire après une manifestation de Son zèle et de Ses actes puissants (verset 15). Il observe le sanctuaire dévasté et s’écrie : " Oh, si Tu roulais les cieux, si Tu descendais, si les montagnes s’inclinaient devant Ta présence…alors Ton nom serait connu de Tes adversaires, les nations trembleraient à Ta présence ! Lorsque Tu as accompli des choses terribles que nous n’avions pas recherchées, Tu es descendu… " (Esaïe 64:1-3).
Habakuk aussi, vivant à une époque où les jugements de Dieu étaient déjà déversés sur Son peuple à cause de leur péché, intercède en faveur d’un réveil : " Ô Seigneur, ranime Ton œuvre dans le courant des années, dans le courant des années, fais-la connaître; dans Ton courroux, souviens-Toi de Ta miséricorde " (Habakuk 3:2). Alors, en vision, il perçut la réponse à sa prière; il voit Dieu en marche (verset 3), manifestant Sa puissance et Sa gloire (versets 3-6). Il voit les tentes de l’Ethiopie dans l’affliction, et la nature elle-même touchée devant la présence divine (versets 7,10,11) lorsque le Seigneur marche à travers le pays dans l’indignation, s’avançant pour sauver Son peuple (versets 12,13).
A la fin du récit de l’Ancien Testament, nous voyons Dieu intercédant toujours avec le reste à travers Son serviteur Malachie, et promettant le réveil à cette heure de minuit si Son peuple est disposé à en payer le prix : " Apportez à la maison du trésor toutes vos dîmes et offrandes… et mettez-Moi maintenant au défi, dit l’Eternel des armées, et vous verrez si Je n’ouvre pas pour vous les écluses des cieux et ne déverse pas sur vous Ma bénédiction telle que vous n’aurez pas assez de place pour la contenir " (Malachie 3:10).
Nous pourrions nous référer à Zacharie, à Joël, et à de nombreux autres prophètes qui ont apporté dans des jours sombres un rayon d’espoir par la promesse de réveil. Combien de saints des siècles passés auraient pu attester la valeur de cette grande attente qui emplissait leur vie et que David exprima dans les paroles suivantes : "Oh! si je n'étais pas sûr de voir la bonté de l'Eternel sur la terre des vivants!..." (Psaumes 27:13).
Dans le Nouveau Testament, la vraie force motrice du réveil peut se voir dans une lumière plus claire lorsque nous le trouvons associée à l’effusion de l’Esprit. Dans son cadre historique en tant que jour de naissance de l’Eglise, la Pentecôte a été unique et il y a des éléments dans cet événement remarquable qui n’ont jamais été répétés. Mais en tant que spécimen de l’effusion de l’Esprit, la Pentecôte a été unique seulement dans le fait d’avoir été la première.
Pierre a déclaré en ce jour mémorable : "Mais c'est ici ce qui a été dit par le prophète Joël: Dans les derniers jours, dit Dieu, Je répandrai de mon Esprit sur toute chair" (Actes 2:16). La remarque doit être faite que Pierre, parlant sous l’inspiration, fut conduit à modifier la prophétie de Joël (Joël 2:28), en disant " dans les derniers jours " au lieu de " après cela ". Cette magnifique promesse concerne donc une période de temps, " dans les derniers jours ", et non seulement un moment donné dans le temps, comme le jour de la Pentecôte. Il est également clair d’après les paroles que Pierre a citées que la prophétie n’a eu qu’un accomplissement partiel ce jour-là. Il y a eu à l’évidence beaucoup plus qui allait venir. Toutes les années constituant l’histoire de l’Eglise ont été " dans les derniers jours ", et ainsi donc, il a plu au Seigneur lors de ces années-là, à des périodes spéciales, d’accomplir cette prophétie.
Il y a des preuves supplémentaires dans le Nouveau Testament de ce que Dieu n’a jamais eu l’intention de confiner l’effusion de l’Esprit à un seul jour historique. En Actes 10 verset 45, l’événement remarquable de Césarée est décrit par Luc comme une effusion du don du Saint-Esprit. Dans sa lettre à Tite, Paul utilise le même mot que celui utilisé par Pierre lorsqu’il cita Joël : " le Saint-Esprit qu’Il a répandu sur nous avec abondance " (Tite 3:5,6).
Les vrais réveils ont toujours été marqués par de puissantes effusions de l’Esprit, souvent à grande échelle. De très nombreuses fois, la prédication devait cesser parce que les auditeurs étaient prostrés, ou parce que la voix du prédicateur était submergée par les cris que poussaient les gens pour obtenir miséricorde. Qui niera que ces choses-là ont été des effusions de l’Esprit ? Qui pourra trouver une description de telles scènes plus appropriée que les paroles de Luc : " Le Saint-Esprit descendit sur tous ceux qui écoutaient la parole " ? (Actes 10:44).
David Brainerd rapporta le début du merveilleux mouvement de 1745 parmi des Indiens d’Amérique de la façon suivante : " La puissance de Dieu sembla descendre sur l’assemblée ‘comme un puissant vent impétueux’ et avec une énergie étonnante fit tout courber devant elle. Je me tenais debout dans l’émerveillement de l’influence qui saisissait l’auditoire presque universellement, et ne pourrais la comparer à rien d’autre de façon plus apte qu’à la force irrésistible d’un puissant torrent… Presque toutes les personnes de tout âge se prosternèrent ensemble avec sérieux, et pratiquement personne ne fut capable de supporter le choc de cette surprenante opération. "
Un réveil ne peut jamais être expliqué en termes d’activité, d’organisation, de réunions, de personnalités, de prédications. Ces choses peuvent ou pas être impliquées dans l’œuvre, mais elles ne rendent pas compte, et ne le peuvent pas, des effets produits. Un réveil est essentiellement une manifestation de Dieu; il a sur lui le sceau de la Divinité, que même les irrégénérés et les non-initiés sont prompts à reconnaître. Un réveil par nécessité doit produire un impact sur la communauté, et ceci est l’un des moyens par lesquels nous pouvons le distinguer des opérations plus habituelles du Saint-Esprit. Les caractéristiques d’un réveil seront considérées plus pleinement dans un prochain chapitre.
 
Référence: In The Day of Thy Power (Au Jour de Ta Puissance), Arthur Wallis

dimanche 8 octobre 2017

La "Rose de Luther" expliquée par le Réformateur.

Je vais indiquer ce que j'ai voulu y faire graver, comme le symbole de ma théologie: 



D'abord, il y a une croix noire avec un cœur au milieu. Cette croix doit me rappeler que la foi au crucifié nous sauve ! Qui croit en lui de toute son âme est justifié. Cette croix est noire pour indiquer la mortification, la douleur par laquelle le chrétien doit passer. Le cœur néanmoins conserve sa couleur naturelle : car la croix n'altère pas la nature, elle ne tue pas, elle vivifie. Le juste vivra par la foi, c'est-à-dire par la foi au crucifié. 

Le cœur est placé au milieu d'une rose blanche qui indique que la foi donne la consolation, la joie et la paix. La rose est blanche et non rouge, parce que ce n'est pas la joie et la paix du monde mais celle des esprits ; le blanc est la couleur des esprits et des anges. 

La rose est dans un champ d'azur, pour montrer que cette joie dans l'esprit et dans la foi est un commencement de la joie céleste qui nous attend; celle-ci est déjà comprise, elle existe déjà en espoir, mais le moment de la consommation n'est pas encore venu. Dans ce champ, vous voyez aussi un cercle d'or. Il indique que la félicitée dans le ciel durera éternellement et qu'il est supérieur à tout autre joie, à tout autre bien, comme l'or est le plus précieux des métaux. 


Martin Luther
 Lettre du 8 juillet 15130 à Lazare Spengler.


texte tiré d'Amitiés Luthériennes n°97

lundi 5 juin 2017

L'espérance par Michael Harper

L'Espérance : c'est un des mots les plus importants du Nouveau Testament, mais aussi l'un des plus négligés et des plus méconnus. Beaucoup n'y voient que l'espérance chrétienne suprême, le retour du Christ (Tite 3.7). Pour d'autres, c'est un synonyme de souhait et « je l'espère » exprime un souhait que nous ne sommes pas du tout sûrs qu'il se réalisera. Le mot est bien plus riche dans le Nouveau Testament, car, avant le retour glorieux de Jésus, vont se réaliser bien des événements qui relèvent de l'espérance chrétienne. L'espérance n'implique aucun doute. Elle porte sur des faits qui ne sont pas encore accomplis mais qui le seront à l'heure de Dieu. Dans le Nouveau Testament, elle est souvent liée à la foi, avec cette différence que celle-ci est pour aujourd'hui et celle-là pour demain ; mais elle n'en est pas moins certaine, comme le souligne l'épître aux Hébreux qui les associe étroitement : « la foi et la garantie des choses qu'on espère… ». La foi prend et reçoit ce qui a été promis ou ce que l'on espère… tel un bulldozer, elle gagne continuellement du terrain. Ce que le conducteur peut voir de sa cabine –le chemin à suivre, le terrain à conquérir– est du domaine de l'espérance ; dès que la pelle mécanique se met à l'ouvrage, on passe au domaine de la foi (...)


Il est bon de voir des chrétiens vivre plus nombreux dans une telle foi qui revendique et qui reçoit les promesses de Dieu. Mais il faut être aussi capable de voir au-delà de la foi pour être sûr d'avancer dans la bonne direction. On pourrait ici parler de vision. Les Proverbes nous le disent : « sans vision, le peuple périt (29. 18) ». Trop souvent et trop facilement, nous allons à l'aventure : sans vision nous ne savons pas où nous allons, sans espérance nous ne prions pas en vue d'arriver sains et saufs.

Chaque église doit retrouver la notion d'espérance, au véritable sens du mot. Nous avons besoin de voir où Dieu veut conduire son peuple et quels sont ses objectifs derniers. Il faudrait toujours considérer l'église locale comme un corps –véritable corps du Christ–agissant par tous ses membres avec puissance, en un plein et entier ministère, un corps dont toutes les composantes s'édifieraient et fonctionneraient dans l'amour et qui, en même temps, manifesterait au monde la puissance et la compassion qui furent celles du Christ sur la terre. Il ne s'agit pas là de quelque chose de flou que nous ne verrons pas se réaliser, mais d'une réalité qui s'accomplit peu à peu sous nos yeux mêmes s'il nous faut patienter quelques temps. On perd espoir trop facilement, très souvent parce qu'il n'y a pas eu, à l'origine, une vision donnée par Dieu.

Un double danger menace l'Eglise aujourd'hui. L'un consiste à tout situer dans le domaine de l'espérance, en des termes souvent très vagues et peu réalistes, ce qui est d'une façon commode de fuir les exigences inconfortables d'une foi qui croit la puissance de Dieu capable de changer les gens et les circonstances. L'autre danger consiste à n'avancer qu'au jour le jour. Il n'y a pas d'autre façon de vivre, mais nous sommes pourtant invités à voir  plus loin que le bout de notre nez ! Il est une sorte de christianisme bon marché qui vit de miracles instantanés et de succès immédiat, d'un Évangile au rabais, peu exigeant. Dans ce cas, la patience est une vertu totalement inutile. Il faut aux chrétiens des lunettes à double foyer. D'abord, pour voir les objets rapprochés et laisser ainsi la foi agir dans les circonstances quotidiennes de la vie ; ensuite, pour s'occuper des objets éloignés et voir au-delà du moment présent. Ils auront ainsi la même assurance, qu'il s'agisse du présent immédiat ou de l'avenir lointain.

Michael Harper, Nouveau Style de Vie dans l'Eglise

dimanche 4 juin 2017

Pentecôte

O Dieu, en ce jour, tu as instruit le cœur de tes fidèles par la lumière du Saint-Esprit: Par lui fais-nous apprécier ce qui est juste; et donne-nous d’éprouver sans cesse le réconfort de sa présence. Par Jésus Christ ton Fils, notre Seigneur, qui vit et règne, avec toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu, dans les siècles des siècles. Amen.
Livre de Prière Commune 1979

vendredi 19 mai 2017

Christ - Tout Et En Tous par Theodore Austin-Sparks

  18 Il est la tête du corps de l'Eglise; il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier.
 
11 Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous.
 
La science a fait de sérieux efforts, durant ces dernières années, pour mettre à la portée de tous et de chacun l'immensité de l'univers. Les savants ont réussi à condenser les questions les plus vastes et les plus profondes de l'étude et des recherches scientifiques sous la forme de traités populaires, et c'est par centaines de milliers que sont vendus ces ouvrages de vulgarisation. Cela prouve à quel point le monde s'intéresse à l'explication de l'univers, à celle de la création, de l'histoire de l'homme et à tous les mystères de la nature. Et cependant, quand on arrive au bout de cette lecture, l'on ne peut se défendre d'une impression de vague, d'insuffisant, d'inachevé, et du sentiment que l'on n'est pas arrivé à une conclusion claire et définie.
Ceci peut paraître présomptueux, mais nous croyons posséder la réponse positive et finale à cette question tant débattue. Pour nous, il y a une explication, une seule, mais définitive et concluante, de l'univers; et cette explication est une personne – le Seigneur Jésus-Christ, l'origine et le centre éternels de tout ce qui existe. Quelle que soit la profondeur de nos études, nous ne trouverons pas l'explication, même partielle, de l'univers, tant que nous n'aurons pas reconnu la place que Dieu a donnée, de toute éternité, au Seigneur Jésus. Ces paroles si simples des Ecritures : « Christ est tout (toutes choses) et en tous » - embrassent l'univers tout entier. D'éternité en éternité, Christ est l'explication de tout ce qui a été, de tout ce qui est, et de tout ce qui sera.

C'est ce que nous chercherons à voir dans ces pages. « Christ tout et en tous » est :

1. L'Explication de la Création Elle-même

Nous savons naturellement que cette lettre aux Colossiens déclare cela dès le chapitre premier. Elle nous dit que:
16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui. 17 Il est avant toutes choses, et toutes choses subsistent en lui.
 
C'est une déclaration très vaste, et elle établit clairement que Christ, étant tout, et en tous, est l'explication de la création tout entière. Pourquoi toutes choses ont-elles été créées? Pourquoi Dieu, par Christ, a-t-Il amené l'univers à l'existence? Pourquoi cet immense système universel existe-t-il et se maintient-il? Quelle est l'explication du monde? A toutes ces questions, il n'y a qu'une seule réponse : c'est pour que Christ soit tout, et en tous. L'intention qui était dans le coeur de Dieu, lorsqu'Il créa tout cet univers, c'était que la création tout entière devînt un jour la manifestation de la gloire et de la suprématie de Son Fils, Jésus-Christ.
Ce seul petit fragment : « et toutes choses subsistent par lui », nous dit clairement, et sans permettre aucun doute, que, sans le Seigneur Jésus-Christ, l'univers se désintégrerait et tomberait en ruines. Il lui manquerait son facteur d'unité; il n'aurait plus de raison de se maintenir en un tout parfait et concret. Si tous les éléments tiennent bien ensemble, s'il n'y a ni désintégration, ni rupture, ni morcellement, ni émiettement, c'est parce que, de par la volonté de Dieu, le Seigneur Jésus est le centre de tout ce système, de tout cet univers. C'est Lui qui le gouverne. Et c'est Lui, le Fils de Dieu, qui explique la création; sans Lui, il n'y aurait jamais eu de création. Mettez-Le de côté, et la création perd aussitôt son but et sa raison d'être; elle n'a plus besoin d'être maintenue. Que « Christ soit tout, et en tous », c'était la pensée centrale et directrice de Dieu dans la création de l'univers.
Cela peut nous laisser froid, dans une certaine mesure; cela peut nous laisser indifférents, mais j'ose espérer que ce que nous allons dire maintenant éveillera notre intérêt et réchauffera notre coeur. Il y a, en effet, une perspective pour cet univers. Lorsque Dieu aura les choses telles qu'Il les a voulues et déterminées dans l'éternité passée – et Il les aura – l'univers tout entier, jusqu'à son dernier atome, manifestera la gloire de Jésus-Christ. Que nous regardions les choses, ou les personnes, nous ne verrons que Christ glorifié. Tout rayonnera de la gloire de Christ! Quelle perspective merveilleuse et bénie que celle-là!
Quand nous nous retrouvons entre enfants de Dieu, dans une de ces rencontres bénies, de quelques heures, ou peut-être de quelques journées, là où le Seigneur est le centre, et où nous n'avons tous qu'un seul et même intérêt – le désir et la contemplation de Lui-même – quelle expérience glorieuse est la nôtre! Et quand, ensuite, il nous faut retourner dans le monde, combien l'atmosphère semble lourde et glaciale! C'est grand et c'est précieux de voir le Seigneur dans les Siens, et d'être ainsi rassemblés en Lui, malgré tout ce que de telles rencontres peuvent encore avoir d'imparfait. Mais qu'en sera-t-il à l'arrivée du jour éternel, où nous n'aurons plus besoin de retourner dans le monde le lundi matin, après avoir passé un temps dans les parvis du Seigneur, où nous ne toucherons plus rien sans entrer en contact avec le Seigneur Jésus, et où l'univers tout entier sera plein de Sa Personne –Christ tout et en tous ?
Voilà le dessein de Dieu. C'est là ce qu'Il a voulu et décidé; l'univers tout entier sera pour Lui; tout sera une expression du Seigneur Jésus.
Nous voyons maintenant beaucoup de choses qui ne reflètent pas le Seigneur Jésus dans notre vie, dans la vie de chacun d'entre nous. Mais le jour vient où vous ne verrez en moi rien d'autre que Lui, et où je ne verrai en vous que le Seigneur Jésus; nous serons:
29 Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères.
Sa gloire morale brillera et sera manifestée ; Christ sera « tout et en tous »! Dieu l'a voulu et décidé, et ce que Dieu a déterminé, Il l'aura. C'est donc là l'explication de la création: que Christ soit tout, et en tous, et qu'en toutes choses Il ait la première place.
Dans sa lettre aux Romains, l'apôtre Paul fait à cet égard une déclaration remarquable :
19 Aussi la création attend-elle avec un ardent désir la révélation des fils de Dieu. 20 Car la création a été soumise à la vanité, -non de son gré, mais à cause de celui qui l'y a soumise, avec l'espérance Lire la suite
Remarquons ce que cela signifie et implique réellement. La création est possédée d'un ardent désir. Cette attente douloureuse est semblable aux souffrances de l'enfantement; et il y a en elle un espoir, (Non pas celui de la dissolution de l'univers dont parlent certains savants.) Cet espoir cependant, comme les soupirs qu'il provoque, a été délibérément soumis à un règne de vanité, c'est-à-dire qu'espoir et soupirs sont vains – jusqu'à un temps et un but déjà fixés. Cette fin sera caractérisée par deux choses : d'une part, la révélation des fils de Dieu; d'autre part, l'affranchissement, pour la création, de l'esclavage de la corruption; les deux choses étant liées.

Tout cela remonte jusque dans l'éternité passée, et est lié au Seigneur Jésus, qui est Le Fils :

29 Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères.
 
Le premier passage que nous avons cité contient une déclaration formelle et une implication très claire. La déclaration, c'est que la création a été soumise à la vanité, et que son état actuel est la servitude de la corruption. L'implication évidente, c'est qu'à un moment défini, à cause de la corruption, la création tout entière a été soumise à la vanité, et que ses soupirs et ses douleurs ont été frappés de stérilité. C'est à cet égard que l'on peut comprendre toute l'étendue et la nature de l'intervention de Satan dans la création. Par cette intervention terrible, le dessein suprême de Dieu a été défié et mis en échec, et la porte a été ouverte à la corruption. Cette corruption devint si universelle qu'une sentence de vanité fut prononcée sur « la création tout entière » .
L'effet produit par cette sentence, c'est que la création ne put jamais, et ne peut pas, arriver à la raison de son existence, sur une base autre que celle de la sainteté et de la ressemblance de Dieu. C'est ici qu'intervient aussi toute la portée de la « rédemption qui est en Jésus-Christ ». Par l'oeuvre universelle qu'Il a accomplie à la Croix, Jésus-Christ a détruit les oeuvres du Diable, et, potentiellement le Diable lui-même. Par la puissance de Sa nature et de Sa vie sans péché, par l'efficacité de Son sang incorruptible, Il a détruit le péché et la corruption, et Il a acquis la justification et la sanctification pour tous ceux qui croient; ceux-ci deviennent, par la régénération, «en Christ, une nouvelle création».

17 Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées; voici, toutes choses sont devenues nouvelles.
 
C'est par ce moyen seul que la création peut être délivrée. Quand ces fils de Dieu seront manifestés –leur nombre étant au complet – et que tous ceux qui ont refusé ce salut auront été bannis du royaume de Dieu, alors la création sera délivrée, et sa destinée originelle sera atteinte. Christ sera tout et en tous.

2. L'Explication de l'Homme

Ensuite, en second lieu, nous avons l'homme, qui est la part centrale de la création. Comment expliquer l'homme? Comment expliquer Adam, le premier homme? Il y a dans les Ecritures un petit passage qui répond à cette question. « Adam... est la figure de Celui qui devait venir » (Romains 5 : 14), c'est-à-dire, Christ. Une figure de Celui qui devait venir; voilà l'explication de l'homme. L'explication de l'homme, la voici: l'intention de Dieu, c'était que chaque homme entrant dans ce monde soit conforme à l'image de Son Fils, Jésus-Christ. Des multitudes manqueront ce but. Mais il y aura aussi des multitudes, telles que personne ne saurait les compter, de toute nation, de toute tribu, de tout peuple et de toute langue, qui y parviendront glorieusement. Quelle haute vocation! Quelle conception différente de la destinée de l'homme! Et quelle perte ce serait que de manquer un tel but! Et cependant, beaucoup disent en se plaignant que, s'ils avaient eu le choix, ils ne seraient jamais entrés dans ce monde. Il y en a même qui, dans un moment de dépression, ont maudit le jour qui les a vus naître. Cela montre qu'il y a là quelque chose qui ne va pas; ce n'est pas ce que Dieu avait voulu. Et si nombreux que soient les jours sombres où nous nous demandons si la vie vaut vraiment la peine d'être vécue, revenons à la pensée de Dieu, qui nous a donné la vie. Au point de vue divin, notre naissance a été un privilège inestimable; c'est le plus grand honneur qui pouvait nous être conféré. Nous ne nous en rendons pas toujours compte, et nous ne le disons pas toujours, mais nous sommes sans cesse contraints de revenir au point de vue de Dieu. Et lorsque nous revenons à cette pensée de Dieu, qui veut que nous devenions conformes à l'image de Son Fils, qui veut un univers peuplé d'hommes et de femmes rendus conformes à l'image de Son Fils, Jésus-Christ, et qui soient pour Lui une expression, une manifestation universelles de Christ glorifié de la gloire du Père – oui, nous disons que c'est un privilège, un honneur pour lequel il valait la peine de naître. Voilà l'explication de l'homme. Nous ne pouvons qu'effleurer chacun de ces grands sujets, et il nous faut passer au suivant.

3. L'Explication de la Rédemption

Nous avons aussi, dans ces mots « Christ est tout et en tous », l'explication de la rédemption.
Quelque chose de sinistre a paru. Quelqu'un s'est interposé dans le dessein de Dieu. L'objectif divin ne pouvait être définitivement perdu de vue, mais il y avait un autre qui s'est résolu à faire obstacle, par tous les moyens en son pouvoir, à ce déploiement universel de la gloire de Jésus-Christ. Jamais, s'il peut l'empêcher, Christ ne sera « tout et en tous » .
Cet autre, c'était celui qui avait convoité cette gloire pour lui-même, celui qui voulait être le seigneur universel du ciel et de la terre, Satan. Et cette intervention de Satan a changé les choses du tout au tout – mais pour un temps seulement. Il a séduit l'homme, et a rendu l'homme différent de ce que Dieu avait voulu; l'image divine a été altérée. C'était la ruine du dessein de Dieu – sans la rédemption! La rédemption qui est en d'autres termes la Croix du Seigneur Jésus!
Quelle est l'explication de la Croix? Comment expliquer le double aspect de cet acte insondable? D'une part, toute cette oeuvre expiatoire et rédemptrice par laquelle le Seigneur Jésus a réglé cette question du pêché, prenant sur Lui le péché universel, acceptant d'être fait malédiction à notre place? Et pourquoi, d'autre part, cette oeuvre subjective qui en est le complément, et par laquelle la Croix est implantée dans le coeur du croyant, si bien que, par une expérience spirituelle, il devient uni à Christ par la conformité à Sa mort, et entre dans la tombe avec Lui? Pourquoi cette application de la Croix, si douloureuse et si terrible à traverser, oui, cette destruction du « vieil homme » , cette vivisection du « corps de la chair », ce dépouillement de l'être extérieur, cette expérience intérieure de la puissance de la Croix – si terrible pour la chair? Quelle en est l'explication?
Pour que Christ soit tout et en tous. Pourquoi sommes-nous brisés? Pour faire place au Seigneur Jésus. Pourquoi sommes-nous amenés jusque dans la poussière par le Saint-Esprit, lorsqu'Il accomplit en nous la mort de la Croix? Pour que le Seigneur Jésus prenne en nous la place occupée auparavant par la chair. Nous interprétons bien mal quelquefois cette application de la Croix. L'ennemi est toujours à côté de nous, avec ses insinuations malfaisantes, nous suggérant la pensée que Dieu est cruel, que Dieu n'est pas bon, qu'Il nous écrase, nous humilie, nous anéantit; il nous laisse entendre que nous ne verrons jamais la fin de cette épreuve, et fait tout pour nous ébranler.
La Croix, bien-aimés, n'a d'autre but que de faire devenir le Seigneur Jésus « tout et en tous » pour nous. Et je vous le demande, à vous tous qui connaissez quelque chose de cette expérience, n'est-il pas vrai que le chemin par lequel le Seigneur vous a fait passer, la manière dont Il a appliqué la Croix dans votre vie, vous faisant devenir une même plante avec Lui dans Sa mort et Son ensevelissement, vous ont amenés à connaître le Seigneur Jésus comme vous ne L'aviez jamais connu auparavant? N'est-ce pas par ce chemin-là qu'Il vous est devenu cent fois, mille fois plus cher et précieux? N'est-ce pas précisément à cause de ces expériences qu'Il est devenu pour vous ce qu'Il est maintenant?
Oui, c'est par le chemin de la Croix que le Seigneur Jésus devient « tout et en tous ». Nous savons très bien que notre plus grand ennemi, c'est nous-mêmes, notre chair. Cette chair ne nous donne aucun repos, aucune paix, aucune satisfaction; nous n'avons aucune joie en elle. Elle nous obsède, nous absorbe, se met sans cesse au travers de notre chemin pour nous enlever la joie même de vivre. « Ce « moi » cruel, oh! comme il se débat » - Que faut-il donc en faire?
Ce qu'il faut en faire? Mais, c'est dans la Croix, et par la Croix, que nous sommes délivrés de nous-mêmes! non seulement de nos péchés, mais de nous-mêmes! Et, délivrés de nous-mêmes, nous sommes livrés à Christ; et Christ grandit, Lui, de tout ce dont nous diminuons, nous. C'est un chemin douloureux, mais l'issue en est bénie! Ceux d'entre nous qui, dans cette expérience, ont traversé la plus pénible agonie, pourraient témoigner, nous en sommes sûrs, que tout ce qu'ils ont retiré de connaissance personnelle du Seigneur Jésus, et de richesses spirituelles, a bien plus de prix que tout ce qu'ils auraient pu conserver en échappant à cette épreuve. L'épreuve n'a pas été vaine.
Ainsi, l'oeuvre du Seigneur pour nous, comme l'oeuvre que le Seigneur accomplit en nous par Sa Croix, n'a d'autre objet, dans la pensée divine, que de faire place au Seigneur Jésus. L'autel des sacrifices dans le Tabernacle, comme dans le Temple, était un grand autel; c'était un autel très vaste, de très grandes dimensions. Tous les autres objets de la Maison de Dieu pouvaient trouver place à l'intérieur de ce grand autel, qui, pour nous aussi, doit être très grand; il faut qu'il y ait une grande place pour Christ crucifié. Il faut qu'Il remplisse toutes choses, et Il doit être la plénitude de toutes choses ; alors, il n'y aura plus de place pour nous. Est-ce que cela nous effraie et nous décourage? Sûrement pas! Ne chantons-nous pas, pleins de joie: « Pour toujours en Ta présence, je serai semblable à Toi! » Que veut dire cela, sinon - ce n'est plus « moi », mais Christ est tout. Oui! l'explication de la Croix, de l'oeuvre de la rédemption accomplie sur cette Croix, est tout simplement celle-ci : il faut que Christ soit tout, et en tous; il faut qu'en toutes choses, Il tienne, Lui, la première place.
C'est ensuite l'explication de nos expériences, la raison pour laquelle le Seigneur agit à notre égard comme Il le fait, la raison pour laquelle les croyants passent par les épreuves qu'ils traversent, des épreuves que d'autres ne connaissent pas, et où ils sont quelquefois presque tentés d'envier les non-convertis qui ont une vie apparemment plus facile.
C'est là aussi qu'il faut chercher l'explication des épreuves d'Israël dans le désert. Après avoir été délivrés de la servitude et de la tyrannie de Pharaon, de l'angoisse et de l'agonie de l'Egypte, les Israélites sont maintenant dans le désert; et les circonstances leur sont si adverses qu'ils seraient prêts à reprendre le chemin de l'Egypte. Pourquoi cette discipline? Parce que le Seigneur a une oeuvre à accomplir en eux, afin d'être tout en eux. S'Il épuise leurs ressources naturelles, c'est uniquement pour leur montrer ce que sont les ressources célestes. S'Il brise leur force naturelle, c'est pour qu'ils apprennent à connaître la force du ciel. Tout ce qu'Il leur enlève, et tout ce qu'Il leur donne en échange, n'a d'autre but que de les arracher à eux-mêmes, pour qu'Il devienne, Lui, tout et en tous.
Et c'est l'explication de nos difficultés. Le Seigneur sait comment agir avec chacun d'entre nous, et Il varie Ses méthodes en conséquence. Il dirige votre vie d'une manière, et la mienne d'une autre. Il sait comment nous conduire à travers nos expériences, qui sont toutes calculées pour nous amener à la place où le Seigneur est tout et en tous.

4. La Croissance Spirituelle

Qu'est-ce que la croissance spirituelle? Qu'est-ce que la maturité spirituelle? Que signifie avancer dans notre marche avec le Seigneur? Nous avons, je le crains, des idées bien confuses à cet égard.
Nombreux sont ceux qui croient que la maturité spirituelle est une connaissance plus approfondie de la doctrine chrétienne, une faculté plus capable d'assimiler la vérité scripturaire, une compréhension plus vaste des choses de Dieu. La possession de capacités de cet ordre-là est facilement regardée comme une preuve de croissance, de développement, de maturité spirituelle. Or, il n'en est rien, bien-aimés. La marque distinctive du vrai développement et de la maturité spirituelle, c'est que « nous » sommes devenus beaucoup plus petits, et que le Seigneur Jésus a grandi en nous dans la mesure où nous avons diminué. La voilà la marque de la maturité. Quand on est devenu petit à ses propres yeux, et que l'on voit le Seigneur Jésus si grand, on est entré dans la maturité spirituelle. C'est la croissance.
On peut avoir une grande connaissance en matière doctrinale, avoir une intelligence remarquable de la vérité, même de la vérité scripturaire, tout en restant très petit spirituellement, en demeurant à l'état d'enfant, absolument dépourvu de maturité. Etre ou devenir un enfant, comme le Seigneur nous y invite, ou rester dans l'enfance spirituelle, ce sont deux choses tout à fait différentes. La vraie croissance spirituelle est simplement ceci: je diminue, Il grandit. C'est l'accroissement du Seigneur Jésus dans la place qu'Il occupe et dans la valeur qu'Il prend à nos yeux. Voilà la véritable signification de la croissance spirituelle.

5. L'Explication du Service sous Toutes ses Formes

Qu'est-ce que le service chrétien dans la pensée de Dieu? Il ne consiste pas en un programme très rempli d'activités chrétiennes; ce n'est pas nécessairement cela. Ce n'est pas être occupé sans relâche dans ce que nous appelons « les choses du Seigneur ». Il n'est représenté ni par le temps qu'on y consacre, ni par l'énergie qu'on y déploie, ni par l'enthousiasme dont on fait preuve à l'égard du Royaume de Dieu, non plus que par l'ingéniosité de nos méthodes, ou l'ampleur de nos entreprises pour le Seigneur.
Le vrai caractère de tout service, bien-aimés, est celui-ci : quelles sont les motivations qui nous font agir? Les motivations! Sont-elles inspirées, du début à la fin, par le désir qu'en toutes choses, Christ ait la première place, que Christ soit tout et en tous?
Nous connaissons bien les tentations et la fascination du service chrétien, le piège d'une activité inlassable, qui nous entraîne à toute sorte d'occupations, avec des programmes qui ne nous laissent aucun répit, qui nous inspire des projets, des entreprises toujours nouvelles, et qui absorbe tout notre temps. Il y a là un péril, et nombreux sont les serviteurs de Dieu qui s'y sont laissé prendre. Il y a pour l'homme le danger d'être mis en évidence, et de faire sienne une oeuvre qui ne lui appartient pas, d'en arriver à chercher ses propres intérêts, à trouver sa satisfaction dans la manière dont il sait gouverner et gérer les choses.
Non. Se dépenser de jour en jour dans une oeuvre chrétienne pour le simple plaisir d'exercer une activité, céder à la fascination du travail à accomplir, supputer les avantages qu'on pourra en retirer, jouir de toutes les satisfactions, petites et grandes, qui s'offrent à la chair dans le chemin d'activités, tout cela c'est une chose. Mais c'est une chose toute différente de vouloir Christ au centre de notre vie et de notre activité, afin qu'Il soit tout et en tous. Il faut parfois être mis de côté pour voir cette pensée prendre corps. Et c'est alors que nous pouvons apprécier nos motivations à leur juste valeur : Est-ce pour nous la même chose, sommes-nous également satisfaits de voir le travail s'accomplir sans nous? Cela nous plaît-il que notre mise à l'écart contribue davantage que notre collaboration à la gloire de Dieu? Pourvu qu'Il ait, Lui, ce que Son coeur désire, qu'importe que l'on nous voie ou nous entende! C'est une grâce de Dieu, lorsque nous en arrivons à accepter de bon gré, pour que le Seigneur Jésus ait la voie libre, une place où personne ne prend plus garde à notre présence ou à notre absence. Nous en avons si bien pris le pli, oui, nous en sommes arrivés à croire sincèrement que le Seigneur Jésus ne pourra plus accomplir Son oeuvre, si nous ne sommes pas Son instrument... Et pourtant!
C'est bien souvent une question de rivalité : rivalité de chaire, rivalité d'église, questions de préséance qui touchent à des points sensibles, réactions charnelles, parce que l'intérêt s'est concentré sur un message plutôt que sur un autre, parce que toutes les remarques favorables se sont portées dans la même direction... nous connaissons bien tout cela, n'est-il pas vrai? Après tout, quel était donc notre objectif? Cherchions-nous la faveur de notre auditoire, le triomphe de notre prédication, ou bien le triomphe de notre Seigneur? Il y a une grande différence entre ces motivations. Le Seigneur Jésus tire quelquefois plus de gloire que nous ne le croyons de nos expériences douloureuses, tandis que, au contraire, nos bons moments ne Lui ont peut-être pas donné tout ce que Son coeur aurait désiré. Voilà pourquoi il est nécessaire que nous soyons mis de côté, maintenus dans la faiblesse et l'humilité, c'est afin qu'Il ait, Lui, la première place.
Notre service, pour répondre à la pensée de Dieu, doit être éprouvé sur la base de notre motivation – dans quel but oeuvrons-nous? Est-ce pour le travail lui-même? Est-ce par besoin d'entreprendre une oeuvre, d'être actif et occupé? Ou bien sommes-nous seulement et uniquement désireux de voir le Seigneur Jésus à Sa place dans les Siens, de voir le dessein de Dieu réalisé? Et si, pour être tout et en tous, Il a besoin de notre mort aussi bien que de notre vie, sommes-nous arrivés à la place où nous pouvons dire, avec l'apôtre :
20 selon ma ferme attente et mon espérance que je n'aurai honte de rien, mais que, maintenant comme toujours, Christ sera glorifié dans mon corps avec une pleine assurance, soit par ma vie, soit par ma mort;
C'est là l'explication du service, au point de vue de Dieu.
Bien sûr, c'est l'explication de beaucoup d'autres choses encore. C'est :

6. L'Explication de Tout l'Ancien Testament

« Christ tout et en tous » - cette phrase qui représente toute la pensée de Dieu, nous explique aussi tout l'Ancien Testament. Nous ne nous arrêterons pas ici à le démontrer en détail; nous en indiquerons simplement les traits principaux et passerons plus loin.
Qu'est-ce que l'Ancien Testament? Dans son ensemble, il est composé de symboles, de grandes figures qui, toutes, représentent Jésus-Christ. Prenons les deux principales: le Tabernacle et le Temple. Ces deux grandes figures sont des représentations du Seigneur Jésus, dans Sa Personne comme dans Son oeuvre, et comme telles, elles occupent la place centrale dans la vie d'un peuple élu. La vie de ce peuple est liée si intimement à ces figures, qu'ils ne sont qu'un; et tant que ce peuple élu est en relation vivante et normale avec cet objet central, que ce soit le Tabernacle ou le Temple, tant qu'il le met à la place qui lui appartient, tant qu'il lui témoigne l'honneur et le respect qui lui sont dus, tant qu'il le maintient à sa place de sainteté absolue, tant qu'il se conforme à son esprit, à ses lois, à son témoignage – bien que, parmi tous les peuples de la terre, il soit en lui-même le moins capable de sauvegarder ses propres intérêts – il a la suprématie absolue sur tous les autres. De toutes les nations de la terre, il n'en est pas une qui puisse lui résister.
Et c'est un peuple qui n'a jamais été formé dans l'art de la guerre. Il n'a pas derrière lui une longue histoire de faits d'armes et de stratégie dans ce domaine. En lui-même, c'est un peuple sans défense. Et cependant, il prend l'ascendance, non seulement sur des nations isolées qui le surpassent en grandeur et en puissance, mais sur des coalitions de nations ; alors même qu'elles se liguent toutes contre lui, il triomphe, tant qu'il demeure fidèle à cet objet central – cet objet central est une représentation du Seigneur Jésus, dans toute Sa Personne et Son oeuvre.
Quelle est l'interprétation spirituelle de toute cette histoire? Lorsque le Seigneur Jésus a la place qui Lui revient, lorsque, en toutes choses, Il occupe la première place, Sa suprématie, une suprématie absolue, s'exerce au sein de Son peuple d'abord, puis, à travers Son peuple, sur tout le monde qui l'entoure. Quand Christ est tout et en tous, quand cela est bien vrai en expérience vivante, aucune force n'est capable de Lui résister.
Que le Seigneur Jésus ait Sa place dans la vie et le coeur des Siens, dans toutes leurs affaires et leurs relations, c'est le secret de la suprématie et de la souveraineté absolues, et les portes du Hadès ne peuvent prévaloir.

7. L'Explication du Nouveau Testament

Le Nouveau Testament nous met en présence de petits groupes de croyants, sans importance au milieu des peuples de la terre, méprisés, rejetés, incapables de se faire entendre sans être molestés, et qui finissent par attirer sur eux la colère organisée et la haine des nations de ce monde, jusqu'au jour où toutes les ressources d'un grand empire de fer seront exploitées, utilisées et mobilisées, pour balayer de la terre ce peuple humble et méprisé, et faire disparaître de l'histoire son souvenir même.
Or, qu'est-il arrivé? Les empires se sont écroulés, les puissances du monde se sont effondrées. On passe maintenant d'un continent à l'autre pour visiter les ruines et les restes de ces grands empires. Mais qu'en est-il du peuple « de la voie » , de ces disciples du Nazaréen méprisé? C'est une multitude immense, que personne ne peut compter. Le ciel en est rempli et, sur la terre, ceux qui connaissent et aiment le Seigneur Jésus, et qui sont de « ceux de la Voie », se chiffrent par dizaines de milliers.
L'explication, c'est que Dieu a voulu que Son Fils soit tout et en tous, et qu'en toutes choses Il tienne la première place. Si nous sommes en relation vivante avec le Fils de Dieu, les hommes et l'enfer peuvent faire tous leurs efforts, ils n'empêcheront jamais Dieu de parvenir à Son but, et Son peuple restera dans Son ascendance, et finira par triompher.
Un mot encore. C'est :

8. L'Explication de l'Eglise

Qu'est-ce que l'Eglise? Dans la pensée de Dieu, ce n'est pas le christianisme tel que nous le connaissons; ce ne sont pas les églises, en tant que centres organisés du christianisme. Ce n'est pas non plus la propagation de l'enseignement chrétien et d'une entreprise chrétienne. La pensée de Dieu, c'est d'avoir, sur la terre, un peuple pour lequel et au sein duquel Christ est tout et en tous. C'est cela, l'Eglise. Il nous faut revoir nos idées. Dans la pensée de Dieu, l'Eglise commence là, et l'Eglise finit là où le Seigneur Jésus a la place de suprématie absolue; et ce que Dieu désire toujours, c'est de rassembler ceux de Ses enfants qui entrent le plus pleinement dans Sa pensée, afin de trouver en eux la satisfaction de Son coeur, et la réalisation de Son dessein éternel – que le Seigneur Jésus ait en toutes choses la première place, la pré-éminence – qu'Il soit tout et en tous. Il passe à côté de cette grande institution qu'on appelle « l'Eglise », et Il est avec ceux qui, en eux-mêmes, ont un coeur humble et contrit, et qui tremblent à Sa Parole, ceux pour lesquels le Seigneur Jésus est le seul et unique Objet de culte et d'adoration, et dont le coeur s'élève tout simplement à Lui. C'est là qu'Il trouve la réponse à Son désir éternel.
C'est exactement ce que dit notre texte. Considérons-le encore:
11 Il n'y a ici ni Grec ni Juif, ni circoncis ni incirconcis, ni barbare ni Scythe, ni esclave ni libre; mais Christ est tout et en tous.
C'est là où chacun a « revêtu le nouvel homme qui est renouvelé en connaissance, selon l'image de Celui qui l'a créé» (verset 10). Pensons au sens spirituel de ce passage, et nous verrons qu'il s'agit là de l'Homme corporatif, l'Eglise, le Corps de Christ, qui est la plénitude de Celui qui remplit tout en tous. L'Eglise est:
23 qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.
Là, dans cet homme corporatif, il ne peut y avoir ni Grec ni Juif. Remarquons bien les termes. Il n'est pas dit que le Grec et le Juif se réunissent dans une communion bénie. Non, nous n'avons pas toutes les nationalités dans l'Eglise; toutes les nationalités ont disparu, et il y a maintenant une seule et nouvelle création spirituelle, un homme nouveau, où il ne peut plus y avoir ni Grec, ni Juif, ni esclave, ni homme libre, où toutes les distinctions terrestres ont disparu, abandonnées pour toujours – c'est «un seul homme nouveau »; c'est cela l'Eglise.
Une combinaison soigneusement arrangée où Luthériens, Réformés, Baptistes, Méthodistes et Protestants de toutes nuances se tendent la main et, pour un temps, oublient leurs divergences, ce n'est pas l'Eglise. L'Eglise est là où ces choses n'existent pas, non pas où elles sont voilées provisoirement, mais où elles n'existent pas; un seul Corps, un seul Esprit. L'Eglise est uniquement: Christ tout et en tous. Réalisons et vivons cela, et nous avons l'Eglise. L'on peut donner le nom d'Eglise à tout ce que l'on voudra, mais tant que Christ n'y est pas tout et en tous, ce n'est qu'une contradiction. Eprouvez toutes choses par ce critère.
S'il est vrai que, dans la pensée et le coeur de Dieu, la vie chrétienne se résume par ces paroles « Christ tout et en tous », alors une question se pose. Etes-vous un vrai chrétien? Suis-je un vrai chrétien? Car nous venons de voir que, par la Croix, nous avons disparu pour faire place au Seigneur Jésus. Or, si nous faisons profession d'être venus au Seigneur par le chemin du Calvaire, cela signifie que nous avons été mis de côté par cette Croix, afin que Christ soit tout et en tous. Qu'en est-il en réalité? Voulons-nous encore en peu du monde. Oh! un peu seulement! En dehors du Seigneur, je tiens encore à ceci, et à cela. Et j'y tiens délibérément, parce que le Seigneur Jésus ne m'a pas entièrement satisfait, et je cherche ailleurs ; il me faut une compensation. Etre un « chrétien mondain » est une violente contradiction, c'est une contradiction nominative. Avoir besoin de quelque chose en dehors de Christ, c'est renier l'oeuvre accomplie sur la Croix, et prendre position contre l'intention éternelle de Dieu concernant Christ. Voulons-nous prendre une telle responsabilité?
Dieu a pré-ordonné, de toute éternité, que Son Fils soit tout et en tous. Nous faisons profession d'appartenir au Seigneur Jésus, et cependant il ne serait pas vrai qu'Il soit, pour nous, tout et en tous? S'il en est ainsi, il y a un reniement, une contradiction ; nous nous opposons à la pensée de Dieu, nous résistons à Son dessein éternel.
Est-ce vrai que, pour nous, Il est tout et en tous? Il le sera certainement, si nous sommes prêts à aller avec Lui jusqu'au bout.
Oh! ces suggestions subtiles que des lèvres menteuses murmurent constamment à nos oreilles! Si tu renonces à ceci ou à cela, tu vas tout perdre; la vie sera moins riche qu'elle ne l'est maintenant et qu'elle ne pourrait l'être dans l'avenir; tu vas au-devant de telles limitations qu'il ne te restera plus rien à la fin. Mensonge! C'est précisément cette crainte qui entrave la réalisation de la grande pensée de Dieu à notre égard. La pensée de Dieu pour nous, c'est que Celui qui est Son Fils, Jésus-Christ, en qui habite corporellement toute la plénitude de la divinité, que Lui soit notre plénitude. Toute la plénitude de Dieu en Christ est pour nous! Nous n'atteindrons jamais ce but en Le rejetant. Si nous n'allons pas avec Lui jusqu'au bout, notre vie sera certainement limitée et amoindrie, et ce qui est vrai dans la question de notre consécration au Seigneur – abandon complet de notre vie entre Ses mains et séparation totale d'avec tout ce qui n'est pas du Seigneur – est aussi vrai dans le domaine du service. Notre chair aime à se faire une place dans l'oeuvre de Dieu, et elle ne se lasse pas de nous répéter que, si nous voulons dépendre du Seigneur seul, nous connaîtrons des jours d'anxiété. Mais une vie de complète dépendance de Dieu peut être une bénédiction continuelle. C'est dans cette voie que nous faisons, presque à chaque pas, des découvertes qui nous laissent toujours plus émerveillés.
Nous pouvons nous sentir à demi-morts à un moment donné, et cinq minutes après, si le Seigneur nous confie quelque travail, nous recevrons un renouveau de vie, dépendants ainsi de Lui pour chaque mouvement et pour l'air que nous respirons. C'est ainsi que nous apprenons à connaître le Seigneur. Puis, après cette expérience, nous pouvons nous sentir de nouveau aussi impuissants et anéantis que précédemment, mais nous nous souvenons que le Seigneur était intervenu; et le Seigneur intervient encore. La vie devient ainsi une riche communion, et cependant personne ne pourrait se douter que nous dépendons du Seigneur, recevant de Lui la force et le souffle au fur et à mesure des besoins. Quelle bénédiction que de savoir que c'est le Seigneur qui a tout accompli, et que, livrés à nous-mêmes, nous n'y serions jamais parvenus. Ce qui, sur le plan humain et terrestre, est impossible, le Seigneur l'accomplit. Quelle bénédiction!
Prolongeons ces lignes, bien-aimés, dans le domaine de l'Eglise. Appliquons l'épreuve. Pour nous, je parle ici sans aucun esprit de jugement ou de critique, ne désirant pas faire des distinctions inopportunes; mon seul désir est d'être fidèle, pour nous, notre foyer spirituel doit être là où le Seigneur Jésus est le plus honoré. Notre communion fraternelle doit être là où Dieu trouve ce qui satisfait le plus Son coeur, là où Christ est tout et en tout; c'est cela qui doit être l'Eglise pour nous. Il ne faut pas que nous soyons liés par des traditions, par des choses qui prétendent être ce qu'elles ne sont pas. C'est là où le Seigneur est le plus honoré que doivent être nos coeurs, là où tout est subordonné à cette réalité centrale, Jésus-Christ tout et en tous. C'est là qu'est l'Eglise, et c'est là que doit être le centre de gravité de nos coeurs. Le lieu où Dieu déposera Son témoignage, et par lequel Il manifestera aux autres la puissance de ce témoignage, doit être le lieu où le Seigneur Jésus est le plus honoré. Si nous sommes en plein accord avec le dessein de Dieu concernant Son Fils, c'est à nous que viendront ceux qui sont affamés spirituellement, et nous ne manquerons pas d'occasions de leur donner cette nourriture céleste qui nous a si abondamment satisfaits.

Tout est Vie

Souvenons-nous que tout ce qui se rapporte à la vie chrétienne est affaire d'expérience. Tout doit être expérimenté, vécu. Tout ce qui touche au Seigneur Jésus est essentiellement en relation avec la vie. Ce n'est pas doctrinal. Ce n'est pas une question de credo. Le fait d'accepter certaines déclarations de doctrine ou de croyance ne nous mettra pas en relation avec le Seigneur Jésus. Jamais! Nous ne devenons pas chrétiens en souscrivant à certaines doctrines, ou en adhérant à une profession de foi orthodoxe, non plus qu'en croyant certaines choses qui nous sont dites du Seigneur Jésus. Ce n'est pas de cette manière-là que nous devenons des chrétiens, et ce n'est pas sur cette base qu'est constituée l'Eglise, bien qu'elle professe certaines règles de foi.
Il faut, dans notre vie, que tout soit fondé sur l'expérience; il faut que chaque élément de notre foi devienne partie de nous-mêmes, et que nous soyons nous-mêmes un élément vivant dans notre foi. Il n'est pas suffisant de croire que Christ est mort sur la Croix. Il faut que ce fait entre profondément dans notre vie personnelle et devienne une expérience, une action puissante, une force qui opère et agit dans tout notre être.
L'Eglise n'est pas établie sur une base de déclarations doctrinales. On ne peut pas réunir quelques personnes, en leur disant simplement : voici quelques considérations parfaitement saines, nous allons constituer notre Eglise sur cette base. L'Eglise est là où la vérité a été incrustée, où elle est devenue expérience et vie. Quand l'enfer se lève pour projeter contre les enfants de Dieu les miasmes de la division, ce n'est pas un credo qui sauvera l'unité menacée. Le credo le plus ultra-évangélique n'a jamais réussi à assurer la cohésion des chrétiens. L'unité de l'Esprit se forge d'autre façon; c'est le fruit d'un travail de Dieu accompli en nous, au-dedans de nous. Sans cette unité-là, rien ne pourra résister aux esprits de division et de schisme qui nous assaillent.
Il faut que tout ait son fondement, non pas dans la doctrine ou la profession de foi, mais dans l'expérience. C'est sur la base de l'expérience que nous pouvons entrer dans le plan de Dieu. Il n'est pas difficile de chanter dans nos cantiques : « Christ est tout et en tous » , et de croire qu'il est suffisant de le faire de manière tout objective. Mais c'est une chose tout autre, lorsque ces mêmes paroles sont le fruit d'une expérience personnelle. Il y a beaucoup de chrétiens qui diront aujourd'hui, - « oui, c'est vrai, Christ est tout et en tous » . Et cependant, si, demain matin, vous les touchez à une place sensible où leurs préférences entrent en jeu, ils vous donneront la preuve que Christ n'est pas encore tout et en tous. C'est par le chemin de l'expérience que nous devons arriver là. Que le Seigneur nous donne la grâce d'y parvenir.
Le dernier appel que j'adresse ici à nous tous, c'est que nous nous unissions tous pour élever tout à nouveau le Seigneur Jésus sur le trône qui Lui appartient, afin qu'Il règne en Souverain suprême dans notre coeur, dans toute notre vie, dans toutes nos relations. Si nous avons retenu quelque chose de nous-mêmes, cédons aujourd'hui. Si nous avons encore certaines réserves dans notre coeur, consacrons-nous maintenant. Si nous avons été jusqu'ici partagés entre le Seigneur et le monde, ou entre Lui et un objet que nous chérissons, mettons-y dès maintenant le point final, afin qu'Il soit, Lui, tout et en tous. Qu'il en soit ainsi dès ce moment, et que, dans nos relations avec le Seigneur, nous continuions sur une base toute nouvelle. Voulons-nous le faire?
Demandons au Seigneur de briser jusqu'au lien le plus tendre qui pourrait faire obstacle à ce qu'Il soit tout et en tous – sommes-nous prêts à faire cela même? Que le Seigneur nous en donne la grâce!